Accouchement de nuit...
Mon premier accouchement de nuit…
Depuis mon arrivée j’ai assisté à des accouchements pendant la journée. Cette fois, pour ma 3°nuit de garde, j’ai été réveillée pour une femme qui accouche.
Ma garde commence à 20h. Je suis avec une aide-soignante. Ici, comme toutes les aides-soignantes, infirmières,… elle sait faire des accouchements toute seule (heureusement car avec ma maigre expérience, je ne suis pas d’une grande aide…). On s’occupe de préparer et de poser la perfusion pour un malade qui passe la nuit au dispensaire.
Puis je vais dans ma chambre de garde vers 21h30. Je lis un peu avant de dormir (eh oui, si tout va bien, on dort !). L’aide-soignante (Joséphine) doit me réveiller si une femme accouche. Et vers 22h, elle frappe à ma porte. Et là, je me dis : « raté pour la bonne nuit de sommeil ! »
Une femme vient d’arriver pour accoucher. Elle est accompagnée d’une autre femme (sœur, belle sœur ???). Ici, ce n’est pas le mari qui accompagne son épouse. L’accouchement est une affaire de femmes. On examine cette femme. J’ai du mal à évaluer mais Joséphine me dit que le col est dilaté à 4cm. Ca veut dire qu’il faut encore attendre un moment avant l’accouchement… Et moi qui ai besoin de sommeil… Joséphine me dit qu’elle me prévient quand elle accouche : tant mieux elle s’occupe de la surveiller !
Je retourne donc dans ma chambre et je m’endors. Puis dans la nuit, j’entends du bruit (au bout du couloir se trouve la maternité). Quelqu’un frappe à ma porte, c’est le signal. Je me lève, je regarde ma montre : 2h30 ! Je vais à la maternité et mes yeux ont beaucoup de mal à rester ouverts… Et là je vois cette femme sur la table d’accouchement qui a des contractions qui la font souffrir. De temps en temps, elle « chante » : aaaaaaaaahhhh… oooooohhhh…. Ouououououhhhhh… et Joséphine lui dit : « tu as mal, c’est normal ! Tu dois supporter ! Tu connais, non ?! » C’est vrai qu’elle connaît, c’est sa 11° grossesse ! (mais 5 enfants vivants) Et il n’y a pas d’anesthésie pour atténuer les douleurs de l’accouchement. Puis Joséphine qui est debout se plie en 2 pour s’allonger à moitié sur la table qui sert à poser le matériel, et elle ferme les yeux mais « elle ne dort pas » me dit-elle !!! Et moi, je patiente sur un tabouret en essayant de garder les yeux ouverts.
Puis la poche des eaux se rompt, je préviens Joséphine. Ca y est la femme accouche. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, l’enfant est là. Il crie tout de suite. On le pose sur le ventre de la mère. Elle ne s’en occupe pas. Joséphine coupe le cordon et me tend l’enfant. C’est à moi de le laver, le peser et l’habiller. Joséphine s’occupe de la maman, de la délivrance.
C’est un garçon, il pèse 3,140kg et il a les yeux grands ouverts et regarde tout ce qui se passe. J’ai quelques difficultés à l’habiller car les vêtements sont trop grands pour lui… et ici, pas de couche pampers, ce sont de couches en tissu… J’arrive à tout lui mettre : le bonnet, les chaussons en laine… il fait froid, 25°C, c’est la saison des pluies !
J’informe la mère que c’est un garçon, pas de réaction particulière. Elle ne se préoccupe pas beaucoup de l’enfant. Pour le prénom, on verra plus tard, et puis j’ai pas d’idée en tête. Une fois j’ai demandé à une femme qui venait d’accoucher si elle savait le prénom de l’enfant, elle m’a répondu en me demandant si je n’avais pas une idée…
Si vous avez des idées de prénom, n’hésitez pas, dites-les moi et on verra si dans quelques années ce sera au « Top 10 » des prénoms camerounais.
Une fois que tout est terminé, pas de surveillance particulière pour la maman. On l’emmène dans sa chambre (elle ne va pas au dortoir) dans un fauteuil roulant.
La mère se couche et tourne le dos à son enfant.
Joséphine et moi nettoyons la salle, on rédige le rapport. Il est environ 3h30. On retourne se coucher jusque 6h, heure du lever. Ma garde se termine à 8h, heure de la prière…