Deuil de papa Robert

Publié le par Catherine et Guillaume VERCAYGNE

Le we dernier nous étions au deuil de papa Robert. C'est le père de Sœur Eugénie avec qui je travaille au dispensaire. Il y a 1 an, nous avions assisté à des funérailles chez les Bamilékés (ethnie de l'ouest Cameroun). Cette fois-ci, ça se déroulait chez les Etones (ethnie du centre du pays).

Ici, les funérailles sont bien différentes de ce qu'on connaît en France. Ca n'est pas juste une messe, un petit tour au cimetière et c'est fini. Cela dure plusieurs jours, il y a des cérémonies traditionnelles. Même si c'est triste de perdre un proche, c'est une fête qui réunit la famille au sens large, les amis, les collègues et le village.

Tout d'abord, il y a la levée de corps à la morgue de l'hôpital. Il n'y a pas de pompes funèbres qui peuvent conserver les corps au froid. Les corps sont donc gardés dans les morgues des hôpitaux. Tout le monde peut assister à la levée de corps. C'est-à-dire qu'on met le corps dans le cercueil et on l'emmène jusqu'au lieu du deuil. Le deuil a lieu dans la maison du défunt, ou plutôt dans sa concession. Ici cela a eu lieu le samedi matin. Le cercueil n'est pas encore fermé par une planche sur le dessus. Il y a une vitre qui permet de voir le corps. Ici, on a pu voir qu'il y avait un petit papier qui était mis sur le corps. Il y avait une heure : 10h. C'était l'heure de la levée… Petit oubli de la part du "morguier" !...

Nous arrivons le soir où une messe est dite dans l'église du village. Pas facile pour nous de suivre car presque tout est dit en étone. Heureusement l'homélie est traduite en français ! Et voici une petite image de la chorale pendant l'homélie :

Heureusement, ils sont bien réveillés quand il s'agit de chanter !

Ensuite, nous partons à la maison du défunt pour la veillée. A côté de la maison, des tonnelles sont installées. Sous l'une d'entre elles, il y a le cercueil et la veuve est assise à côté. Beaucoup de monde est déjà assis. On nous trouve des places mais nous sommes sous la pluie qui commence à tomber. La chorale est venue avec les balafons (ça ressemble à un grand xylophone, cf, la photo ci-dessus). Et elle commence à mettre l'animation. A minuit la chorale fait place aux tam-tams. C'est ce qu'on appelle l'annonce du deuil. Ils sont là pour appeler les ancêtres, qu'ils viennent chercher papa Robert et qu'il n'erre pas seul. Il est déjà presque 2h du matin et nous partons nous coucher. Les gens vont chanter et danser toute la nuit. Ils ont pris un gros pull pour faire face au froid (il doit faire environ 18-20°) et une natte pour pouvoir d'allonger un peu et tenter de se reposer au son des tam-tams et des balafons…

 

Le lendemain, nous retournons au deuil pour les cérémonies traditionnelles.

Tout d'abord, il y a le nsilaou (je l'écris comme ça se pronnonce). La famille, ceux qui connaissaient papa Robert demandent pourquoi le papa est mort. Avec le dispensaire, nous y sommes allés. On a un peu connu le papa car il est venu se faire soigner au dispensaire pour ses derniers jours. Tout ça se dit en langue (eton, ewondo,…) je ne peux pas vous traduire ce qui s'est dit….

Ensuite, des chèvres ont été tuées devant nous. Ca nous permet de voir qu'elles étaient en bonne santé avant de finir dans nos assiettes.

Pendant ce temps, les membres de la famille (au sens large) se rassemblent et font le tour de la concession avec une grande tige chacun. Puis, ils se servent de cette tige pour "fouetter" ceux qui font des problèmes dans la famille… Cela permet un peu à chacun de régler ses comptes et de faire comprendre à ceux qui ont une grande bouche qu'ils feraient bien de surveiller ce qu'ils disent !

Et bien sûr, tout ceci se fait en dansant au son des tam-tams. C'est assez amusant à voir, surtout quand c'est un homme en tenue (un militaire) qui se fait fouetter. Bien sûr, ces fouets ne font pas mal. Tout ceci est symbolique.

Puis la famille, avec le nouveau chef de famille, se réunit pour préparer le discours d'hommage au défunt. Et c'est donc le fils ainé de papa Robert qui vient dire le discours.

Ensuite, a lieu la messe de funérailles et l'enterrement du papa. Il se fait enterrer dans la concession familiale, donc juste à côté de sa maison. C'est ce qui se fait traditionnellement un peu partout au Cameroun. Il n'y a que dans les grandes villes où il est interdit d'enterrer quelqu'un dans son terrain et où il faut aller au cimetière municipal.

Après tout ceci, c'est l'heure de la collation. Il faut qu'il y ait assez de nourriture et de boisson pour nourrir tous ceux qui sont venus assister au deuil. Puis pour nous, c'est l'heure de retourner à Mbalmayo.

 

Publié dans VIE QUOTIDIENNE

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P
ENFIN un nouvel article !!! Je dis ça mais je sais bien que vous êtes fort occupés en cette fin de mission de coopé au Carmeroun. Nous, on a essayé le balafon heu d'abord !! Excellent la chorale pendant l'homélie... Ca devait être intéressant de voir un deuil d'une autre ethnie car ça ne semble pas être pareil, notamment les costumes. De mémoire les bamilékés avaient des masques etc... Sympa les photos ! surtout la tête de biquette !! bien joué Guitch d'avoir pris sur le fait.A très bientôt les z'amis ! Dans 15 jours vous serez de retour parmis nous...Gros bécots !
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