Ballade au quartier

Publié le par Catherine et Guillaume VERCAYGNE

Je viens à l'instant de rentrer du quartier. La caractéristique principale des quartiers, c'est bien-sur que l'on s'éloigne du centre ville, mais surtout qu'il n'y a plus de goudron au sol, du coup le « décor » change vraiment du tout au tout.

Nous essayons d'aller le plus souvent possible « au quartier », car vu qu'il n'y a plus toutes les boutiques du centre ville, on voit vraiment beaucoup plus comment les gens vivent. L'intérieur des maisons étant souvent réservé juste pour dormir et manger, c'est bien à l'extérieur que les gens cuisinent, font la lessive, les enfants jouent dehors…

Je disais précédemment « il n'y a pas de boutiques », je nuancerais plutôt, les boutiques sont différentes de celle du centre. Les boutiques du centre ont souvent un petit écriteau pour dire ce qu'ils vendent…Au quartier, pas de panneau, pas besoin car tous les gens au quartier savent que là on écrase les arachides, que là si on rentre dans le salon c'est en fait un petit resto. Et là, derrière la cabane, ils coupent les cheveux…Voilà pourquoi, à force d'y aller de plus en plus fréquemment on comprend, que ce n'est pas le « centre ville » mais plutôt le « centre de vie », là où, on voit et vit le quotidien.

Je vais donc « au quartier ». Là, il y a une femme qui a une machine pour écraser l'arachide. Nous l'avions repéré lors de nos précédentes ballades. L'arachide (la cacahouète) est l'un des principaux ingrédients permettant de préparer les « bœuf-arachide » un excellent plat camerounais. Pour cela, il faut écraser les arachides, traditionnellement il faut le faire avec une pierre, mais c'est vraiment très long, alors beaucoup de femme viennent là pour le faire à la machine.

C'est toujours, très drôle d'aller faire écraser les arachides au quartier. Surtout quand c'est moi (Guillaume) qui a y va. Les gens ont peu l'habitude de voir des blancs dans les quartiers. Ils les voient plus souvent dans de beau 4X4 qui traversent la ville à vive allure. De plus, ici se sont les femmes qui cuisinent. Donc, quand ils voient un homme blanc qui viens « au quartier » écraser des arachides. Et tous ceci pour préparer un plat Camerounais…ça étonne vraiment ! Agréablement surpris que l'on cuisine comme eux, ce n'est pas pour cela que l'on n'essaie pas de me faire le « prix du blanc » !!!

L'orage commence. J'arrive devant la maison où l'on écrase les arachides. Je me mets à l'abri sous la toiture qui dépasse devant la maison. Je laisse mon sac d'arachide à la femme, elle commence donc a écraser…Je suis donc là sous le morceau de toiture qui me protège de la pluie. L'autre coté de la maison est en fait un petit atelier de menuiserie. J'entre pour voir l'atelier. L'homme me salue. Je lui réponds en « Ewondo », le dialecte local. Non échangeons quelques mots de politesse toujours en « Ewondo », jusqu'à ce que je cale, bloqué par le manque de mots. Là, il éclate de rire. Un autre menuisier et là derrière. Lui aussi rit beaucoup. Peu de « blancs » font l'effort de d'apprendre ce dialecte.

Il est bien sympas ce type. Je rentre dans son atelier, sans rien dire et lui m'accueille et me montre son travail, des lits à étage qu'il est en train de finir. Bien-sûr, cela m'intéresse, car j'en recherche pour le projet du nouveau dortoir de l'internat. Mais cela il ne le sait pas. Il est tout simplement fier de me montrer ce qu'il fait. On fait donc un petit tour de son atelier.

Il change très vite de sujet. Là, il commence à me présenté toute sa famille. Son fils qui est le menuisier qui était derrière. Sa fille qui est en train d'écraser mes arachides. Il va même chercher son autre fille qui est dans la maison, juste pour que je lui dise bonjour. Politesse, coutume, on se retrouve toujours dans des situations bizarres.

Là, il me dit que je peux en choisir une pour rentrer en France !!! Je rigole, je lui dis que je suis déjà marié, en lui montrant mon alliance. Il éclate de rire et me claque dans la main à la façon Camerounaise. Il me dit, que je dois ramener ma sœur ou mon frère pour les marier à ses enfants afin de rentrer tous en France !! A mon tour, je lui tape dans la main…

La femme a terminé d'écraser les arachides. Je paie. Je les salue en « Ewondo ». Ils me regardent partir sous la pluie.

Voila un peu notre quotidien au Cameroun. Une tradition orale qui reste encré dans la vie de tous les jours, ce qui fait que les gens nous accueillent et nous parlent assez facilement. Par contre, sans jugement aucun, il est vrai, que cet accueil cache souvent un autre objectif. Demander de l'argent, car « le blanc a l'argent ». Ou « organiser » le mariage en vu d'avoir le « passeport du blanc ». Encore une fois, on ne juge pas, car à leur place, on ferait surement la même chose. Pourtant, il est vrai que c'est assez fatiguant d'être pris pour des « portes monnaies sur pattes » ou des passeports potentiel pour la France. La relation en est toujours biaisée. Car l'objectif de la majorité des Camerounais, c'est bien de partir en France. Mais ça c'est un autre sujet…

Merci d'avance à Popi et aux autres pour vos petits commentaires, cela fait toujours plaisir de voir que l'on est « suivi » de loin là-bas.

Publié dans VIE QUOTIDIENNE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
On vous lit toujours avec autant de plaisir , on virt un peu votre aventure par procuration...<br /> Dès votre retour on espère goûter votre plat camerounais....promis nous on vous préparera une tartiflette ou une flamiche au maroilles de chez nous....
Répondre
P
C'est vraiment une autre vie... Toujours aussi intéressant... A chaque article, on comprend un petit peu mieux votre façon de vivre et de découvrir le Cameroun...<br /> En plus, de plus en plus souvent vous me sitez dans vos articles alors ça c'est la classe !!! Merci !<br /> Gros bisous à vous 2 !<br /> Et vivement qu'on puisse goûter votre boeuf arachide...
Répondre